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Quand peut-on parler d’épidémie de paludisme ?

Les renseignements que vous avez notés dans les rubriques « Notification brève » et « Analyse de l’information » sont nécessaires pour déterminer si les problèmes sont suffisamment graves pour que l’on considère qu’il s’agit d’une épidémie, et si c’est bien le paludisme qui est la cause la plus vraisemblable de cette épidémie. Le rappel des faits qui suit vous aidera à comprendre pourquoi on a besoin de données.

Caractérisques d’une épidémie

Une augmentation de la morbidité (nombre de cas) qui dépasse nettement ce qui est normal pour la région.

Des taux de létalité du paludisme à falciparum excessifs (> 1 % pour l’ensemble des cas et > 20% pour les cas graves répondant à la définition de l’OMS, voir 1.5.2).

Types de profils épidémiques du paludisme

Classification des principaux types épidémiques (Source : OMS, 2002)

Epidémie foudroyante dans des populations non immunes

Epidémies véritables : flambées peu fréquentes/cycliques dans des populations relativement non immunes, liées à des anomalies climatiques. Elles se produisent principalement dans des zones arides et semi-arides où il y a peu ou pas de fluctuation saisonnière et où l’infestation est habituellement rare.

Variation saisonnière exagérée

Transmission fortement saisonnière : transmission variable mais relativement prévisible sur laquelle influent les variations climatiques normales.

Situations d’urgence complexes

Transmission du paludisme exacerbée par l’instabilité politique d’un pays et les mouvements de population qu’elle entraîne. Le profil est alors celui d’une épidémie foudroyante ou d’une variation saisonnière exagérée.

Progression d’année en année vers une situation d’endémie

Abandon/désorganisation de la lutte : on observe une tendance générale à la hausse de l’endémie et de la transmission dans les régions où le paludisme a re-émergé à la suite de l’abandon des activités de lutte (pas nécessairement liée à une situation d’urgence complexe).

Courbes épidémiques du paludisme à vivax et du paludisme à falciparum

Les épidémies progressent selon une succession d’étapes représentant l’intervalle d’incubation,  qui est d’environ 20 jours pour P. vivax et de 35 jours pour P. falciparum. L’intervalle d’incubation et ’indice de propagation déterminent la vitesse à laquelle la courbe épidémique peut grimper, vitesse qui est beaucoup plus élevée dans les épidémies à vivax que dans les épidémies à falciparum. Dans les endroits où les deux espèces de plasmodies sont présentes, les cas de paludisme à vivax seront donc en général plus nombreux plus tôt dans la saison du paludisme et seront suivis par les cas de paludisme à falciparum. Il y a aura un chevauchement très important. Si les conditions sont favorables à une forte augmentation saisonnière du paludisme à vivax, on peut s’attendre à ce que ce soit également valable pour le paludisme à falciparum, avec des conséquences plus graves.

Définition et déclaration d’une épidémie de paludisme

Il est important sur le plan pratique de définir et de déclarer une épidémie, car cela détermine le niveau de soutien qui peut être obtenu. Le fait de déclarer une épidémie trop tard va entraîner une morbidité et une mortalité évitables et inutiles, et un gaspillage des ressources si les mesures de lutte sont mises en œuvre trop tard par rapport à l’évolution naturelle de la courbe épidémique. En revanche, le fait de déclarer prématurément une épidémie peut conduire à une réaction excessive qui se fera aux dépens des rares ressources disponibles et risque de déformer la réalité de la situation.

Epidémie

Une épidémie est une exacerbation aiguë de la maladie, disproportionnée par rapport à la situation normale, à laquelle la communauté est exposée.

Epidémie de paludisme

Il n’y a pas de définition universelle de l’épidémie de paludisme. Il est généralement admis qu’une augmentation brutale de l’incidence du paludisme dans des populations dans lesquelles cette maladie est rare, ou qu’une augmentation saisonnière du paludisme clinique dans les régions où la transmission est faible à modérée, constitue une épidémie de paludisme. 11 Cependant, la définition de ce qu’est un paludisme « normal » ne vaut que pour une population donnée dans un endroit et à un moment précis. Par conséquent, les épidémies de paludisme peuvent en général être considérées comme la rupture d’un équilibre épidémiologique qui existait auparavant.12 Un nombre de cas de paludisme dépassant la capacité de prise en charge des établissements de soins de santé existants constitue une autre définition de l’épidémie.

Seuils épidémiques 

On a essayé de déterminer des seuils qui définissent nettement une épidémie à partir de l’expérience que l’on avait de la maladie. Ces seuils peuvent être déterminés dans les régions où l’on dispose de données remontant à quelques années et où la population est restée stable.13En pareil cas, il est très simple de déclarer une épidémie. En revanche, bon nombre d’épidémies se produisent dans des conjonctures dans lesquelles on ne dispose pas de données antérieures ou, si ces dernières existent, elles ne sont plus valables à cause des changements importants qui se sont opérés. En pareil cas, il ne sera pas possible de fixer des seuils précis et il sera plus pratique de définir une situation épidémique par l’augmentation rapide du nombre de cas, un taux de létalité élevé et le fait que les services de santé existants sont submergés.