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Enquête sur les comportements liés au Paludisme

Résumé

Breakthrough ACTION a travaillé avec le Programme National de lutte contre le Paludisme (PNLP) de la RDC pour mener l’Enquête sur les Comportements liés au Paludisme (ECP) entre le 18 mars et le 26 avril 2021, une période qui coïncide avec la fin de la saison des pluies. L’ECP est une enquête des ménages de fondement théorique et s’appuyant sur le modèle idéationnel. L’enquête a été menée dans 15 des 26 provinces du pays, sélectionnées pour représenter quatre régions géographiques (zones) du pays : Nord, Ouest, Kasaï, et Grand Est. L’enquête a permis de collecter des informations pertinentes sur les comportements liés au paludisme et leurs déterminants auprès d’un échantillon représentatif de ménages dans chaque zone, stratifié par résidence urbaine ou rurale. L’échantillon a été conçu pour assurer la représentativité au niveau de la zone. Les collecteurs de données ont utilisé des questionnaires électroniques développés à l’aide de CSPro et installés sur des tablettes Android.

L’échantillon global comprenait 4 998 ménages, 6 034 femmes en âge de procréer et 1 870 de leurs conjoints/ partenaires masculins. L’étude a suivi les procédures éthiques standard. Pendant le travail sur le terrain, les col­lecteurs de données formés ont pris les mesures appropriées pour minimiser les risques pour les participants, notamment en obtenant le consentement éclairé avant de commencer les entretiens, en insistant sur la par­ticipation volontaire et le droit des participants de décider de ne pas participer à l’enquête ou de mettre fin à l’entretien à tout moment, et en soulignant le droit de refuser de répondre à toute question avec laquelle ils ne se sentent pas à l’aise.

Aucun identifiant personnel n’a été conservé dans l’ensemble des données électroniques. L’enquête a été approuvée par le comité d’éthique de recherche (Institutional Review Board) de la faculté de santé publique Bloomberg – Johns Hopkins à Baltimore, aux États-Unis (IRB n° 13286), et par le Comité d’éthique de l’École de Santé Publique de l’Université de Kinshasa en RDC. Les données fournissent une base permettant de mieux identifier, prioriser et atteindre les publics cibles avec des approches de changement social et compor­temental (CSC) adaptées et efficaces. Cette section résume les principales conclusions de l’enquête.

Variables conceptuelles transversales

Bien que la majorité des personnes interrogées savent que la fièvre est un symptôme du paludisme et que le paludisme est transmis par les piqûres de moustiques, un bon nombre d’entre elles ont indiqué un mode de transmission du paludisme incorrect. Moins de la moitié des personnes interrogées ont correctement identifié une piqûre de moustique comme étant la seule cause du paludisme. Les personnes interrogées de la zone du Kasaï étaient moins susceptibles de déclarer correctement cette connaissance que celles de la zone Ouest. Près de 6 personnes sur 10 ont une perception de la sensibilité au paludisme, c’est-à-dire qu’ils pensent être exposés au risque d’attraper le paludisme. La perception de la sensibilité est plus fréquente chez les hommes que chez les femmes, au Kasaï que dans les autres zones, et en milieu rural qu’en milieu urbain. Moins de 4 personnes sur 10 ont une perception de la gravité du paludisme. Ce concept est moins répandu dans la zone du Kasaï qu’ail­leurs. La communication entre conjoints sur le paludisme au cours des six derniers mois est modérée, à environ 31 %. Les hommes mariés sont proportionnellement plus nombreux que les femmes à déclarer avoir discuté du paludisme avec leur conjointe au cours des six mois précédents. Ce concept est moins répandu dans le Grand Est que dans les autres zones. Trois personnes sur quatre pensent que les professionnels de la santé traitent généralement leurs patients avec respect. Dans la zone Nord, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’avoir cette perception. Enfin, les données ont révélé un soutien quasi universel aux normes égalitaires de genre concernant le traitement et la prévention du paludisme chez les enfants.

Prise en charge des cas de paludisme

La connaissance du moment recommandé pour consulter n’est que modérément élevée : seule la moitié envi­ron des personnes interrogées ont déclaré qu’il fallait consulter immédiatement ou le jour même de l’apparition de la fièvre. La plupart des personnes interrogées savaient qu’une prise de sang pour un test de dépistage du paludisme était le meilleur moyen de savoir si quelqu’un avait le paludisme, mais moins de la moitié ont indi­qué connaitre la CTA comme traitement efficace du paludisme. Ces deux indicateurs de connaissance varient selon les zones. La connaissance de la CTA comme traitement efficace du paludisme est plus répandue chez les hommes, les résidents urbains et les personnes ayant un niveau d’instruction secondaire ou supérieur par rapport aux femmes, aux résidents ruraux et aux personnes ayant un niveau d’instruction primaire ou inférieur, respectivement. Deux tiers des personnes interrogées ont déclaré avoir des attitudes positives à l’égard de la sollicitation de soins et du traitement ; ces attitudes sont moins courantes dans la zone du Kasaï que dans les autres zones.

Six personnes sur dix pensent que le test de dépistage du paludisme est une méthode de diagnostic efficace. Il existe des différences significatives entre les milieux urbains et ruraux. Environ la moitié des personnes interro­gées ont une perception de l’efficacité du traitement contre le paludisme. Pour ces deux indicateurs de croyance en l’efficacité, le Kasaï est en retard par rapport aux autres zones. Environ la moitié des personnes interrogées pensent que la sollicitation rapide de soins pour les enfants ayant de la fièvre est la norme dans leur communau­té. Cette perception varie considérablement selon les zones et est moins fréquente dans le Grand Est que dans les autres zones. Alors que la majorité des personnes interrogées sont d’accord pour dire que les établissements de santé disposent de kits de diagnostic du paludisme et de médicaments pour gérer les cas de paludisme chez les enfants, plus des trois quarts des personnes pensent également que les agents de l’établissement santé les feraient payer pour faire tester ou traiter leurs enfants fébriles.

La sollicitation rapide de soins pour les enfants ayant de la fièvre n’est pas très courante dans les zones d’étude : seule la moitié environ des enfants fébriles ont été pris en charge rapidement (c’est-à-dire le jour même ou le lendemain de l’apparition de la fièvre). La sollicitation rapide de soins dans un établissement de santé ou auprès d’un agent de santé communautaire (soins appropriés) est encore moins fréquente, puisque seuls quatre en­fants fébriles sur dix ont été sujets à ce type de sollicitation de soins. Les soins appropriés sont significativement plus probables pour les enfants de la zone Nord par rapport aux autres zones, ainsi que pour les enfants de moins de deux ans par rapport aux enfants plus âgés de moins de cinq ans. Les variables conceptuelles asso­ciées à la sollicitation rapide de soins dans un établissement de santé ou auprès d’un ASC sont la connaissance du fait que les soins doivent être sollicités immédiatement ou le jour même de l’apparition de la fièvre chez un enfant, la communication avec le conjoint et la perception que les agents des établissements de santé traitent les patients avec respect.En revanche, la conviction que les agents de santé font payer aux parents le traitement du paludisme pour les enfants de moins de 5 ans est négativement associée à la sollicitation rapide de soins dans un établissement de santé ou auprès d’un ASC.L’âge de l’enfant (négatif), la connaissance du logo du PNLP (positif), la connaissance du slogan de la campagne du PNLP (positif) et la résidence en milieu urbain (négatif) sont d’autres corrélats significatifs de la sollicitation rapide de soins dans un établissement de santé ou auprès d’un agent de santé communautaire.

Les tests de dépistage du paludisme chez les enfants fébriles amenés dans un établissement varient considé­rablement selon la zone. Alors que plus de 70 % des enfants de moins de cinq ans ayant de la fièvre et amenés dans un centre de santé de l’Ouest et du Kasaï ont été testés pour le paludisme, seulement la moitié des enfants du Grand Est ont été testés. Environ 9 enfants sur 10 qui ont été testés ont reçu un résultat positif. Moins de la moitié des enfants dont le paludisme a été confirmé auraient reçu une CTA. Recevoir la CTA et recevoir la CTA rapidement est plus probable dans la zone Nord que dans les autres zones. Les enfants dont la mère n’a pas terminé l’école primaire ont moins de chances de recevoir la CTA.

Paludisme pendant la grossesse

La connaissance des pratiques recommandées en matière de soins prénatals et de TPIg est généralement faible : seule la moitié des personnes interrogées savent qu’une femme doit commencer les soins prénatals au cours du premier trimestre de la grossesse ou dès qu’elle soupçonne qu’elle est enceinte ; un peu plus de la moitié des personnes interrogées ont indiqué la connaissance du nombre recommandé de CPN tandis que moins de la moi­tié sait qu’une femme enceinte doit recevoir au moins trois doses de SP pendant la grossesse. La connaissance des comportements recommandés en matière de CPN et de TPIg varie significativement d’une zone à l’autre et est plus faible dans le Grand Est et plus élevée dans l’Ouest par rapport aux autres zones. Il y a également des différences selon le sexe, l’instruction et le lieu de résidence.

Les attitudes positives envers la CPN et le TPIg ne sont que modérément courantes et moins répandues dans le Grand Est que dans les autres zones. La gravité du paludisme pendant la grossesse est en général largement perçue dans la population étudiée, mais moins dans le Grand Est qu’ailleurs. La plupart des personnes interro­gées pensent que les CPN et le TPIg sont des interventions efficaces pour garantir une grossesse sans risque. De même, la majorité des personnes interrogées ont confiance dans leur capacité à obtenir ou à aider leurs parte­naires féminines à obtenir des services de CPN et de TPIg adéquats. Pour ces deux indicateurs de croyance en l’efficacité, le Grand Est est en retard par rapport aux autres zones. Environ deux tiers des personnes interrogées pensent que la participation à au moins quatre CPN est la norme dans leur communauté, tandis qu’un peu plus de la moitié pense que l’obtention d’au moins trois doses de SP pendant la grossesse est la norme dans leur communauté. Une norme injonctive sur la SP (la conviction que les gens de la communauté soutiendraient leur décision d’obtenir la SP pendant la grossesse) a été rapportée par environ la moitié des personnes interrogées. Ces trois indicateurs de normes sociales sont plus faibles dans les zones Kasaï et Grand Est par rapport aux zones Nord et Ouest. Alors que la majorité des personnes interrogées sont d’accord pour dire que les prestataires de services de santé traitent généralement les femmes enceintes avec respect, un peu plus d’un tiers pense que les prestataires font payer les femmes enceintes pour la SP. La conviction selon laquelle les femmes enceintes doivent payer pour la SP est plus courante au Kasaï qu’ailleurs. Les hommes sont significativement plus sus­ceptibles d’indiquer une participation aux décisions concernant la fréquentation des CPN que les femmes. Les données ont montré que les femmes des zones Nord et Kasaï sont plus susceptibles d’être marginalisées dans les décisions concernant la fréquentation de la CPN par rapport à leurs pairs des zones Ouest et Grand Est.

Alors que la plupart des femmes ont effectué au moins une CPN, seuls environ deux tiers d’entre elles ont fait les quatre CPN recommandées. Les femmes des zones Kasaï et Grand Est sont moins susceptibles que celles de la zone Ouest d’avoir fait le nombre recommandé de CPN. Le fait d’assister au nombre recommandé de CPN est également plus fréquent dans les milieux urbains que dans les milieux ruraux et chez les femmes ayant reçu une instruction post-primaire par rapport à leurs homologues analphabètes ou ayant reçu une instruction pri­maire. En outre, la première CPN a eu lieu au cours du premier trimestre pour seulement un tiers des femmes. Effectuer la première CPN au cours du premier trimestre de la grossesse est moins fréquent dans la zone Nord et plus élevé dans la zone Kasaï par rapport aux autres zones. La présence du conjoint lors des CPN n’est pas courante et ne concerne qu’environ un quart des femmes ayant eu un enfant au cours des deux dernières an­nées. Quatre femmes sur cinq ont reçu au moins une dose de SP pendant la grossesse, mais seulement deux sur cinq ont reçu les trois doses recommandées. Même parmi les femmes qui ont fait au moins quatre CPN et celles qui ont commencé la CPN au cours du premier trimestre, moins de la moitié ont obtenu les trois doses de SP recommandées.

Alors que pratiquement toutes les femmes qui désirent un autre enfant dans les deux prochaines années ont l’intention d’assister aux CPN, seule la moitié d’entre elles environ ont indiqué qu’elles se rendraient à leur pre­mière CPN au cours du premier trimestre de leur grossesse. L’intention d’une CPN précoce est plus fréquente dans l’Ouest et moins fréquente dans le Nord par rapport aux autres zones. Les femmes des milieux urbains sont également plus susceptibles que leurs homologues des milieux ruraux d’exprimer l’intention d’une fréquenta­tion des CPN précoce. Les variables conceptuelles associées à l’intention d’une fréquentation des CPN précoce sont des connaissances approfondies sur la CPN et le TPIg, la conviction que les femmes doivent se sentir à l’aise pour discuter de la CPN avec leur conjoint, des attitudes positives envers la CPN et le TPIg, et la percep­tion de l’auto-efficacité à obtenir le TPIg. Les résultats ont également révélé que les variables conceptuelles significatives varient selon la zone.

Dans la zone Nord, une connaissance approfondie sur la CPN et le TPIg et la norme injonctive sur le TPIg sont les variables conceptuelles positivement associées à l’intention d’une fréquentation des CPN précoce. Dans la zone Ouest, une connaissance approfondie sur la CPN et le TPIg, ainsi que des perceptions positives sur les prestataires de services de santé sont les variables conceptuelles positivement liées à l’intention d’une fréquen­tation précoce des CPN. Dans cette zone, il y a une relation positive avec l’exposition aux messages sur le palu­disme, la pauvreté et la résidence en milieu urbain. En outre, les données indiquent un regroupement significatif des intentions au niveau de la communauté. Au Kasaï, une connaissance approfondie sur la CPN et le TPIg, ainsi que la conviction qu’une femme doit se sentir à l’aise pour discuter de la CPN avec son conjoint, sont significativement et positivement associées à l’intention d’une fréquentation des CPN précoce. Les données pour cette zone ont également montré un regroupement important et significatif d’intentions au niveau de la communauté. Dans le Grand Est, la perception d’auto-efficacité à obtenir le TPIg et la connaissance approfon­die sur la CPN et le TPIg sont positivement associées à l’intention d’assister à une CPN en début de grossesse.

Moustiquaires imprégnées d’insecticide

La connaissance des moustiquaires comme moyen de prévention du paludisme est largement répandue dans toutes les zones de l’étude, bien qu’il y ait de légères variations selon la zone, le sexe, l’instruction, le lieu de résidence et le quintile de richesse. En général, les attitudes sont positives à l’égard de l’utilisation des mousti­quaires avec, dans l’ensemble, environ neuf personnes sur dix indiquant une attitude positive envers l’utilisation des moustiquaires. Toutefois, les attitudes positives sont moins répandues dans la zone du Kasaï par rapport aux zones Nord et Ouest, et parmi les personnes ayant reçu une instruction primaire par rapport à celles n’ayant pas reçu d’instruction formelle.

La perception de l’efficacité des moustiquaires imprégnées d’insecticide est relativement élevée, les trois quarts environ de la population étudiée sont convaincus de l’efficacité des moustiquaires. Cet indicateur est plus faible chez les personnes sans instruction que chez leurs homologues instruits. La perception de l’auto-efficacité pour l’utilisation systématique des moustiquaires est exceptionnellement élevée, alors que moins de deux tiers de la population étudiée pensent que l’utilisation systématique des moustiquaires est la norme dans leur commu­nauté. La conviction que l’utilisation systématique des moustiquaires est une norme communautaire est moins répandue dans les zones Kasaï et Grand Est que dans les zones Nord et Ouest. Les personnes de la zone Grand Est (44,41 %) sont plus susceptibles que celles des autres zones de déclarer qu’elles ne savent pas si l’utilisation systématique des moustiquaires est une norme communautaire. Dans l’ensemble, quatre personnes sur cinq ont la perception d’un soutien social pour l’utilisation systématique des moustiquaires. Cet indicateur est moins fréquent dans la zone Ouest par rapport aux zones Nord et Kasaï et dans les milieux urbains par rapports aux milieux ruraux.

Il y a des faiblesses dans la possession de moustiquaires dans toutes les zones d’étude. Alors que moins de trois quarts des ménages possèdent au moins une moustiquaire, seul un tiers environ possède suffisamment de moustiquaires pour les membres du ménage, en supposant que deux personnes partagent une moustiquaire. Cet indicateur de couverture universelle des ménages est significativement plus faible dans le Kasaï que dans les autres zones, pour les ménages ruraux que pour les ménages urbains, au sein des ménages pauvres qu’au sein des ménages plus riches, et dans les ménages plus grands (7 membres ou plus) que dans les ménages plus petits.

La quasi-totalité des 7 089 moustiquaires recensées dans les zones d’étude sont des MII et sont blanches. La majorité des moustiquaires avaient été obtenues lors d’une campagne de distribution de masse et avaient moins de trois ans. Les données ont montré que les moustiquaires étaient, en moyenne, plus anciennes dans la zone du Kasaï que dans les autres zones. En outre, par rapport à ce qu’on a pu observer dans les autres zones, les moustiquaires de la zone du Kasaï étaient également moins susceptibles d’avoir été obtenues lors d’une campagne de distribution de masse, plus susceptibles d’avoir été obtenues lors d’une CPN et moins susceptibles d’être blanches. Plus de quatre moustiquaires sur cinq disponibles ont été utilisées pour dormir la nuit précé­dant l’enquête. Cependant, la proportion de moustiquaires disponibles utilisées pour dormir la nuit précédant l’enquête ou de façon systématique au cours de la dernière semaine est plus faible dans la zone Ouest que dans les autres zones.

La manière dont la population entretient ses moustiquaires peut être considérablement améliorée. Alors que la plupart des moustiquaires déjà lavées l’ont été avec un savon doux comme recommandé, une proportion impor­tante de ces moustiquaires a été laissée à sécher au soleil au lieu d’être à l’ombre comme recommandé. Laisser sécher les moustiquaires au soleil est une pratique plus courante dans les zones Nord et Grand Est (environ la moitié des moustiquaires sont séchées de cette manière) par rapport aux zones Ouest et Kasaï. Environ quatre moustiquaires sur cinq qui avaient été utilisées pour dormir la nuit précédente ont été trouvées simplement suspendues au-dessus du lit pendant l’enquête, sans être enroulées ou attachées comme il est recommandé. La pratique consistant à enrouler ou à attacher les moustiquaires suspendues lorsqu’elles ne sont pas utilisées est rare dans les zones Grand Est et Kasaï.

Dans les ménages possédant au moins une moustiquaire, environ quatre cinquièmes des membres du ménage ont dormi sous une moustiquaire la nuit précédant l’enquête. Dans les ménages avec une couverture univer­selle en moustiquaires, près de neuf dixièmes des membres du ménage ont utilisé une moustiquaire la nuit précédant l’enquête. Les données ont montré que lorsqu’un ménage ne dispose pas de suffisamment de mous­tiquaires, les adultes et les enfants de moins de cinq ans ont tendance à être prioritaires par rapport aux enfants de 5 à 17 ans. En outre, dans la zone Nord et Ouest, les femmes ont tendance à être prioritaires par rapport aux hommes dans l’attribution des moustiquaires.

Dans l’ensemble, le ratio utilisation/accès est de 0,88, ce qui indique que si la plupart des personnes ayant accès à une moustiquaire l’utilisent effectivement, des améliorations sont possibles. L’indicateur est plus faible au Kasaï que dans les autres zones. Un examen plus approfondi des deux composantes de l’indicateur – les mesures d’utilisation et d’accès – révèle des tendances différentes au Kasaï par rapport aux autres zones. Plus précisé­ment, ces deux mesures sont très faibles au Kasaï alors qu’elles sont modérées dans les autres zones.

Les données indiquent que l’utilisation systématique de moustiquaires est courante chez les hommes et les femmes interrogés dans le cadre de l’enquête. Dans les ménages disposant d’au moins une moustiquaire, envi­ron quatre cinquièmes des hommes et des femmes ont déclaré utiliser systématiquement des moustiquaires. Cet indicateur varie significativement selon les zones, avec des taux plus faibles dans les zones Kasaï et Ouest 16

par rapport aux zones Nord et Grand Est. Les variables associées à l’utilisation systématique des moustiquaires variaient selon les zones.Dans la zone Nord, la conviction qu’il existe des gestes à faire pour prolonger la du­rée de vie de ses moustiquaires, la communication interpersonnelle sur le paludisme au cours des six derniers mois et la conviction que l’utilisation systématique des moustiquaires est une norme communautaire sont les variables conceptuelles significativement associées à l’utilisation systématique.En outre, il existe une asso­ciation positive entre la couverture universelle des ménages en moustiquaires et la présence d’un enfant de moins de cinq ans dans le ménage.L’association avec l’écoute régulière de la radio est négative.Dans la zone Ouest, les attitudes favorables à l’égard des moustiquaires et la conviction que l’utilisation systématique des moustiquaires est une norme communautaire sont les variables conceptuelles significativement associées à l’utilisation systématique.En outre, l’exposition aux messages relatifs au paludisme, la couverture universelle des ménages en moustiquaires, la présence d’un enfant de moins de cinq ans dans le ménage et l’âge sont po­sitivement corrélés avec ce comportement.En revanche, il existe une association négative avec la résidence en milieu urbain.Les données ont également révélé un regroupement significatif de l’utilisation systématique des moustiquaires au niveau de la communauté.Comme dans la zone Ouest, au Kasaï, les attitudes favorables à l’égard des moustiquaires et la conviction que l’utilisation systématique des moustiquaires est une norme communautaire sont les variables conceptuelles significativement associées à l’utilisation systématique.Une corrélation positive marginalement significative a été observée entre la perception d’approbation sociale quant à l’utilisation des moustiquaires et la conviction qu’il existe des gestes à faire pour prolonger la durée de vie de ses moustiquaires.Curieusement, la relation avec la perception de la sensibilité au paludisme est négative.En outre, la couverture universelle du ménage, la présence d’un enfant de moins de cinq ans dans le ménage, l’âge, le fait de regarder régulièrement la télévision et le niveau de pauvreté sont positivement corrélés avec ce comportement.En outre, les données ont montré un regroupement significatif de l’utilisation systématique des moustiquaires au niveau de la communauté. Dans le Grand Est, les variables fortement et positivement associées à l’utilisation systématique comprennent les attitudes favorables à l’égard des mous­tiquaires, la connaissance approfondie des moustiquaires comme moyen de prévention du paludisme et la croyance qu’il existe des gestes à faire pour prolonger la durée de vie de ses moustiquaires. En outre, la cou­verture universelle des ménages et, dans une certaine mesure, la présence d’un enfant de moins de cinq ans dans le ménage sont des corrélats significatifs.Comme nous l’avons observé dans les trois autres zones, il y a un regroupement de ce comportement au niveau de la communauté.

Pulvérisation intradomiciliaire à effet rémanent

Moins d’une personne interrogée sur dix a déclaré qu’elle connaissait l’existence d’un programme de PID dans la communauté. La connaissance qui a été signalée est concentrée dans les milieux urbains, en particulier dans la zone Ouest. Plus de quatre cinquièmes des personnes connaissant un programme de PID ont une perception de l’efficacité du programme avec des différences significatives selon les zones. Les résidents de la zone du Kasaï ont été moins susceptibles de déclarer une perception de l’efficacité de la PID par rapport aux autres zones. La perception de l’auto-efficacité à prendre des mesures liées à la PID a été rapportée par environ trois quarts de la population. Les gestes comprennent le déplacement des meubles en vue de la pulvérisation et le fait de dormir dans la maison la nuit suivant la pulvérisation.

Parmi les personnes qui connaissaient déjà la PID, il existe une volonté générale de l’accepter dans leur commu­nauté et elle est presque universelle au sein des populations rurales. Environ 7 personnes sur 10 qui n’avaient pas connaissance de la PID ont déclaré être prêtes à l’accepter si elle était disponible dans leur communauté. Les hommes sont plus enclins à accepter la PID dans leur communauté que les femmes.

Consommation et exposition aux médias

La possession d’une radio et d’une télévision est limitée dans les zones d’étude. Dans de nombreux ménages disposant d’une radio, beaucoup de personnes, notamment les femmes, ne l’écoutent pas régulièrement. La proportion de la population qui peut potentiellement être atteinte par la radio est inférieure à la moitié. La portée potentielle de la radio est plus faible dans la zone du Kasaï qu’ailleurs. Dans toutes les zones, les femmes sont proportionnellement moins nombreuses que les hommes à pouvoir être touchées par ce média. De même, à l’exception de la zone Ouest, la portée potentielle est plus faible chez les résidents ruraux que chez les rési­dents urbains. Pour ceux qui écoutent la radio, les tranches horaires d’écoute les plus populaires varient selon les zones. Dans les zones Nord, Ouest et Grand Est, les programmes radio peuvent potentiellement toucher plus de personnes s’ils sont diffusés en début de matinée avant 8h ou en début de soirée, entre 16h et 20h. Dans 17

la zone du Kasaï, l’heure de diffusion radio pour maximiser la portée est soit tôt le matin, soit tard le soir (entre 20h et minuit). Les émissions tôt le matin toucheraient potentiellement environ la moitié de la population de la zone Grand Est tandis que les émissions radio en début de soirée toucheraient plus des deux cinquièmes des auditeurs de la zone Nord. Ce n’est qu’en diffusant à la fois tôt le matin et en début de soirée dans l’Ouest et le Kasaï que les programmes radio peuvent espérer atteindre au moins la moitié de la population.

La plupart des personnes vivant dans des ménages possédant une TV regardent régulièrement la télévision, bien qu’un certain nombre de personnes dont le ménage ne possédait pas de TV aient déclaré regarder régu­lièrement la télévision, probablement parce qu’elles la regardent chez un voisin. Néanmoins, en raison du très faible taux de possession de TV dans les zones étudiées, la portée potentielle de la télévision est relativement faible ; à peine plus de quatre personnes sur dix peuvent être atteintes par les programmes télévisés. La portée potentielle de la télévision est plus élevée dans la zone Ouest (environ deux tiers de la population peuvent être atteints) qu’ailleurs. Très peu de personnes peuvent être atteintes par la télévision dans les zones du Kasaï et du Nord. Dans les zones Nord, Ouest et Grand Est, les tranches horaires les plus populaires pour regarder des programmes télévisés sont en début et fin de soirée. Dans la zone Kasaï, les créneaux les plus populaires sont ceux du début de matinée et de la fin de soirée.

Moins de la moitié des hommes et des femmes interrogés ont déclaré posséder un téléphone personnel ou une tablette. La possession d’un téléphone personnel est plus fréquente dans l’Ouest et le Grand Est par rapport au Nord et au Kasaï. Les hommes sont plus susceptibles de posséder un téléphone ou une tablette que les femmes. Les femmes de la zone du Kasaï sont particulièrement désavantagées en termes de possession de téléphone. Dans l’ensemble, les groupes les moins susceptibles de posséder un téléphone personnel sont les femmes, les jeunes adultes, les hommes et les femmes analphabètes des zones Kasaï et Nord. La plupart des téléphones ou tablettes disponibles sont capables de recevoir des SMS, tandis qu’environ deux tiers peuvent recevoir des photos, des vidéos ou des fichiers audios. Environ deux cinquièmes d’entre eux ont pu cliquer sur un lien vers un site Web, tandis qu’environ un tiers était capable de recevoir des emails. Les téléphones ou tablettes les plus avancés technologiquement se trouvent dans l’Ouest. Par rapport aux autres zones, les appareils du Nord et du Kasaï étaient moins susceptibles de pouvoir accéder à un lien Internet et de recevoir des emails.

Une stratégie combinant la radio, la télévision et la technologie mobile permet d’atteindre environ sept dixièmes de la population, avec des variations selon la zone, le sexe et le lieu de résidence. La portée potentielle d’une telle stratégie combinée est plus faible dans la zone du Kasaï que dans les autres zones. La stratégie combinée est également susceptible d’atteindre proportionnellement moins de femmes que d’hommes, et une plus faible proportion de résidents ruraux que de résidents urbains dans chaque zone.

Seul un tiers environ des hommes et des femmes auraient été exposés à un message sur le paludisme au cours de l’année écoulée. L’exposition était plus faible dans les zones Grand Est et Nord par rapport à la zone Ouest. En général, les résidents ruraux sont moins susceptibles d’y être exposés que leurs homologues urbains.

L’Enquête sur les Comportements liés au Paludisme en République Démocratique du Congo de 2021 a été réalisée du 18 mars au 26 avril 2021.Le financement de cette ECP a été assuré par l›Agence Américaine pour le Développement International (USAID) et le Fonds mondial de lutte contre le paludisme, la tuberculose et le VIH-SIDA à travers SANRU. Le projet Breakthrough ACTION, un projet financé par l’USAID pour le changement social et comportemental, a conçu et mis en oeuvre cette enquête. Des informations supplémentaires sur l’ECP RDC 2021 peuvent être obtenues auprès de stellababalola@jhu.edu. Photo de couverture [titre] © [date] [pho­tographe] [licence]

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